Pourquoi bébé arrive-t-il à s’endormir seul à la garderie, mais ne s’endort-il qu’au sein avec maman?

C’est une question que je me suis posée de nombreuses fois… Autant mes seins ont le

super pouvoir d’aider mon fils à s'endormir en quelques minutes, autant il m’est impossible

d’imaginer qu’il puisse s’endormir seul, sans mon accompagnement. Et pourtant!

L’éducatrice me raconte qu’elle le dépose dans son petit parc… et qu’il réussit,

tranquillement, à s’endormir de façon autonome. Je rêve encore de pouvoir observer la

scène de mes propres yeux!

Ce phénomène, aussi étonnant soit-il, est non seulement courant, mais aussi

parfaitement normal. Alors, que se passe-t-il dans la tête de nos cocos exactement? En

réalité, tout s’explique par le lien d’attachement et le développement émotionnel de

l’enfant.

Avec maman, l’attachement est sécurisant.

Dans de nombreuses situations, maman* est la figure d’attachement principale de bébé. C’est pourquoi il se permet d’exprimer pleinement ses émotions et ses besoins en sa présence : il réclame les bras, pleure, cherche du réconfort, et demande parfois le sein pour s’endormir.

Comme l’explique le psychologue canadien Dr Gordon Neufeld, spécialiste reconnu du

développement de l’enfant et de l'attachement, le comportement d’un enfant est influencé par le niveau de sécurité relationnelle qu’il ressent avec l’adulte. Selon lui, ce n’est que dans un lien d’attachement profond et sécurisant que l’enfant peut se permettre d’exprimer ses

besoins les plus vulnérables.

Autrement dit, si ton bébé te réclame pour s’endormir, ce n’est pas parce que tu lui as

appris de « mauvaises habitudes », mais plutôt parce qu’il a confiance en toi. Il te

montre ses besoins véritables, en sachant que tu sauras les accueillir. Même pour une

séparation temporaire, comme celle de l’endormissement, il a besoin d’être rassuré par

ta présence, ta voix, ton toucher… ou ton sein.

Avec l’éducatrice, le contexte est différent.

À la garderie, l’environnement est différent, tout comme le lien d’attachement.

L’éducatrice, aussi bienveillante soit-elle, est une figure d’attachement secondaire. Elle

représente une personne sécurisante, mais le lien y est généralement moins profond

qu’avec la mère.

Bébé comprend qu’à la garderie les règles et routines y sont différentes et il s’adapte.

D’après Dr. Neufeld, les enfants ont une grande capacité d’adaptation lorsqu’ils sont en

présence d’un adulte sécurisant. Ainsi, bébé s’ajuste simplement au contexte. Cela ne

veut donc pas dire que ses besoins ont disparu ou qu’il nous manipule. De toute façon,

avant 4 ou 5 ans (et souvent même au-delà), un enfant n’a pas la maturité cognitive

pour manipuler de manière consciente.

Le sommeil : une séparation difficile.

L’endormissement représente une forme de séparation pour bébé : il perd le contact

sensoriel avec son parent, ce qui peut être insécurisant. Pour certains enfants, cette

séparation est plus facile. Pour d’autres, elle peut déclencher un besoin intense de proximité

et de réassurance. C’est pourquoi bébé exprimera davantage ce besoin d’être

accompagné lorsqu’il est avec sa figure d’attachement principale.

Le sein et l’allaitement : bien plus qu’une question de lait.

Le sein dans le contexte de sommeil est bien plus qu’une question de nutrition : il

favorise également la régulation affective, la proximité, le calme et la sécurité.

L’allaitement permet de libérer de nombreuses hormones telles que l’ocytocine, la

prolactine et la mélatonine, qui facilitent l’endormissement. Ce super pouvoir qu’est

l’allaitement est donc vraiment parfait pour accompagner bébé vers un sommeil paisible

auprès de sa mère.

En conclusion:

Si bébé s’endort seul à la garderie, mais a besoin de toi, maman (et parfois de ton sein!)

à la maison, c’est une preuve du lien d’attachement fort que vous avez construit

ensemble. Cela ne signifie pas qu’il ne pourra jamais s’endormir autrement, mais qu’il a

besoin, pour l’instant, de cette sécurité-là pour y arriver. Il n’y a donc rien à changer

dans les habitudes d’endormissement si ce n’est pas ce que tu désires. L’autonomie viendra avec le temps, quand il sera prêt.

Sachant tout ça…je ne peux que profiter de chaque instant avec mon fils, mon amour.

Puisqu’un jour, il ne sera plus au creux de mes bras pour s’endormir.

*Note : Afin d’alléger la lecture de cet article, je m’adresse à « maman » et parle de

celle-ci comme étant la figure d’attachement principale (et aussi parce que c’est

généralement elle qui a des seins et du lait dedans!), mais les propos s’adressent et s’appliquent tout autant à tout autre parent ou figure d’attachement principale dans la vie de bébé.

Texte écrit par Sakina.

Références

Neufeld, G., & Maté, G. (2011). Hold on to your kids: Why parents need to matter more

than peers (Rev. éd.). Vintage Canada.